Tonton Boudor: « Les jeunes doivent arrêter de faire dans l’hysacamisation »

Tonton Boudor ou Negrissim, quel nom te colle le plus à la peau?

Tonton Boudor, ex membre du groupe Negrissim. On commence à parler d’impro Ice, ancien pseudonyme qui me collait à la grâce à ma capacité à faire des improvisions, puis du groupe Aborigen qui était une partie su groupe Negrissim qui, au départ était une accointances de plusieurs groupes.

Comment naît le groupe Negrissim?

Le groupe Negrissim nait à la suite d’un projet au CCF avec l’apport de Sadrack en 1995, puis s’est ajouté le groupe Aborigèn en 96. Mice qui fut membre d’Aborigen avait déjà bossé avec Sadrack au sein d’un groupe à Douala qu’ils avaient baptisé leader public. C’est comme ça que le groupe Aborigen via Mice qui connaissait Sadrack intègre le Negrissim. Negrissim devient officiellement une famille constituée du groupe Aborigen, La source ( Evindi et Sunjah), Sadrack, Koalo, Wyz o clock le beat maker..

Aux années 2000, on ne parlait que de vous ou presque, qu’est ce qui n’a plus marché par la suite?

Aux années 2000, on a su gagner la confiance du public parce que celui-ci se reconnaissait à travers nos lyrics, nos paroles, puis on a très tôt pris conscience que les choses se passaient à Dakar, à l’époque capitale du hip hop en Afrique. On n’est allé à la rencontre des autres peuples nègres. La disponibilité des uns et des autres à fait que la famille devint plus tard un groupe de cinq membres. C’est cette distance qui a creusé l’absence, et de nouvelles expériences de vies qui ont créé la dislocation entre moi et les autres membres.

Qu’est ce qui s’est passé à Dakar? Et pourquoi avoir sevré le public du Cameroun? le Hip Hop payait-il?

À Dakar j’ai compris que les gens peuvent. Être ensemble sans avoir les mêmes visions de choses dans la tête. Ce qui créa la dislocation. Le hip hop paie à Dakar, on parle d’ailleurs très peu de ce mot markéting (musique urbaine). Là-bas le hip hop est encore valorisé et mis en valeur au sens propre du terme pendant qu’il est en voie de disparition au Cameroun

Ca été difficile de se refaire un nom de retour au bled?

J’y ai sorti mon album solo en 2006, celui-ci m’a donné droit à plusieurs récompenses et plusieurs festivals en Afrique de l’ouest. En ce qui concerne le nom, ça n’a pas été facile de m’en refaire. Grace aux expériences, Je savais ce qu’il fallait faire donner au public pour maintenir la flamme allumée

Mais tu reviens avec un clash, ceux qui fouillaient dans ta poubelle, peut tu revenir dessus, pour les jeunes frères?

Je reviens au bled avec une boussole que j’ai ramassé sur l’ile de Gorée, et non avec un clash. Je reviens inciter les rappeurs camerounais à opter pour l’esprit de créativité et non pour le suivisme. En ce qui concerne la poubelle, c’est une incitation au travail et non à la facilité, j’ai voulu que les jeunes arrêtent de faire dans l’hysacamisation

Mais est-ce que tu n’as pas l’impression que la jeune génération risque vous essouffler?
En quoi est ce que la jeune génération m’étoufferai? Cette génération cour dans le désert. Elle est à l’école du noirokarisme petite section, bientôt fini la récréation

Donc Franko, minks, Magasco, Daphné Maahlox et autres courrent dans le sac?

Ils ne doivent pas courir, je pense que beaucoup sont conditionnés par les médias, dis-trace-sion TV par exemple, les mangeurs au lieu des manageurs qu’il y’a derrière, les producteurs affamés, et bien d’autres encore! Beaucoup suivent la mode au lieu d’être des modèles. C’est un peu un mannequinat artistique. C’est éphémère.

.Comment appelle-t-on ton style?

C’est du NOIROKARISME. Créé en 1992, l’époque où les rappeurs avait honte de valoriser la camerouneité, whytiser était synonyme de bien rapper. J’ai égorgé ce phénomène en créant le NOIROKARISME prisé par les rappeurs du « m’as-tu vue » et non du « me comprend-tu? »

Donc tu es l’ancêtre du Rap au Cameroun? Puisse que tu parles de 1992

1992 est l’année où j’ai pris conscience que je dois être moi-même et non un américon ou un derappeur français… Mais j’ai concrètement débuté en 1989. Aujourd’hui je me définit comme étant un grand père du rap kamer au même titre que Krotal.

Qui est ton meilleur élève ?

Je suis mon meilleur élève parce que je valorise en fond et en forme le NOIROKARISME, en boycottant les marques étrangères, en valorisant le fond avant la forme, e’ optant pour ce rap qui fait bouger les coeurs à la place des lolos et des fesses… Mon histoire a commencé au Congo. Papa était diplomate à l’OMS. C’est à Brazzaville que j’ai découvert MTV et les clips de rap qui vont avec. Ne comprenant pas ce qui se disaient en anglais et comment ils procédaient, improviser était mon mode d’expression. Et c’est d’ailleurs à la cité OMS au Congo que je rencontre Magic du groupe état d’urgence, l’un des plus vieux groupe de rap kamer dont la mère était également dans le même organe que mon père.

Tu viens avant ou après Umar CVM ou Krotal?

Au même titre que le groupe Homonyme (Krotal), Oan, Big bzy, Fuller MP, Hostler, ceux de douala que je maitrisais mieux que ceux de Yaoundé… Vue que j’étais basé à douala

Qui sont tes 10 meilleurs hip hopeurs de ces 30 dernières années?

VALSERO, NEGRISSIM, BOUDOR, AK SANG GRAVE, BANTOU POSSE, BENJO STYLE, BIG BZY, OAN, ETAT D’URGENCE, KROTAL, FRANKO, TENOR, RASYN… Ils sont nombreux. Je n’arrive pas à citer que 10

Qu’elles ont été vos difficultés dans ce style de musique, ce rythme?

Les parents n’étaient pas d’accord. J’ai été giflé par mon vieux à plusieurs reprises. On parcourait des kilomètres pour faire un son. Les soi-disant studios n’étaient pas vulgaires comme aujourd’hui. J’ai dû vendre mon matelas pour faire ma première maquette. Par moment il fallait se mettre à 10 sur un beat pour faire une maquette. On devait cotiser pour une entrée en studio. Ce n’était pas évident. Je faisais mes prémaquettes avec deux radios cassettes. Un où je mettais un beat box, après je faisais jouer la cassette du beat box pour y ajouter ma voix qu’enregistrait le second poste. C’était, je peux dire, mon premier studio

Et quand le succès est arrivé, les cachets étaient estimés à combien?

Le minimum du cachet c’était 100 mille, et le maximum en fonction de l’audimat c’était 300 en montant
Mais le plus important n’était pas le cachet, mais le public qui devait capter le message. Pour moi le cachet est le fruit du bon travail, mais il venait au second plan pour moi
Vous n’avez pas l’impression qu’il y’a déjà beaucoup d’argent dans le game et la Old school regrette?
Il y’a beaucoup d’argent salle, on ne regrette pas par rapport à ça! Mais nous sommes conscients que la new school n’existe que parce que la old school a existé!

C’est quoi la Boudorium?

C’est le label qui a produit Duc Z, Diesert, Sahvane, Wea loba, Le festival koubalanta, Les soirées Bled hip up, c’est le label qui entretient la flamme du hip hop

Parles nous de Tonton Boudor, qui est-il?

Tonton Boudor, c’est le grand père su rap kamer. Initiateur du rapper en français avec l’accent camerounais, c’est un artiste qui fait de l’art pour le progrès, J’ai trois albums et demi

Pourquoi tu gardes toujours la barbe?

Au départ c’est une forme d’anti conformisme, je n’aime pas ressembler aux autres, elle affermi ma personnalité et renforce ma notoriété. Elle fait de moi un homme-homme et non un homme-femme

Tu veux donner les mains à qui?

À chap chap d’abord, en plus à Phen qui revient en force avec le clash, il ne s’est pas découragé malgré les échecs, à Krotal qui tend la perche aux jeunes et soutien le mouvement avec une artillerie lourde en termes de sonorisation.

Interview réalisée par Joseph Edzégué

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